vendredi 10 août 2012

Non-observation du jeûn chez des «Baye Fall»: L'excuse du «ndogou»


Pendant le mois de Ramadan, des Sénégalais musulmans rivalisent d'ardeurs dans l'accomplissement de bonne œuvres et actions. C'est le cas de ces trois jeunes trouvés en plein préparatif du «café Touba» sur les Allées Cheikh Ahmadou Bamba des Hlm. Ce café est destiné aux jeuneurs que l'heure de rupture trouve en pleine circulation. 


Non-observation du jeûn chez des «Baye Fall»: L'excuse du «ndogou»
Ils se nomment «baye-Fall». Ils se distinguent par des «rastas» et des boubous multicolores dénommés «diakhass» avec des chapelets et amulettes à l’effigie de leur guide religieux enfilés autour du coup. Ils, ce sont des talibés mourides disciples de Cheikh Ibrahima Fall, compagnon fidèle de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Serigne Touba Khadimou Rassoul fondateur du mouridisme. 

Ces musulmans se singularisent en cette période de Ramadan par leur sens du partage. Même si nombre d’entre eux ne jeûnent pas en ce mois béni, ils donnent à manger aux pauvres et aux passants tous les jours. Et Ils se font le plus distinguer dans leurs actions de bienfaisance aux heures de rupture du jeûne. Ils distribuent gratuitement des repas ou du «café Touba» accompagné de pains aux fidèles pour la rupture du jeûne tous les soirs. 

De Touba à Dakar en passant par d’autres localités du pays, grâce à leur détermination à «nourrir le pauvre, en compensation de la non observation du jeûne», ils ne passent pas inaperçus. Ils installent leurs quartiers généraux dans tous les quartiers généralement au niveau des coins de rues, à côté des carrefours ou croisement, des marchés, etc, le temps du Ramadan pour toucher le maximum de personnes. 

C’est le cas de ces trois jeunes trouvés en plein préparatif du «café Touba» sur les Allées Cheikh Ahmadou Bamba des Hlm. Pour l’un de ces baye Fall, taille moyenne, teint clair, «pendant ce mois, il faut s’entraider. Et notre groupe a pensé à servir du «café Touba» et des dattes aux personnes qui sont dans les transports en commun au moment de la rupture». Notre interlocuteur d’ajouter : «si nous avions plus à offrir nous allions le faire, mais ce sont les moyens qui font défaut». 

S’agissant des moyens, le baye Fall lui aussi de taille moyenne, mais de teint noir renseigne que ce sont les passants eux même qui leur donnent de quoi acheter le nécessaire. Il s’agit du café, du sucre et du charbon et des tasses, étant entendu que le matériel est déjà sur place. Ce qui permet à ces talibés baye Fall de distribuer café Touba et dattes aux passagers coincés dans la circulation à l’heure de la rupture. 

Seulement, ces jeunes doivent faire face à des difficultés qui ont pour nom rejet et mépris. Du fait de leur accoutrement, de leurs coiffures (rasta), certains refusent leurs largesses. «Parfois en distribuant le café et les dattes, il y a des personnes qui se méfient de nous, qui ne veulent même pas qu’on leur touche », regrette le deuxième baye Fall. Et le troisième, cigarette à la main de renchérir : «les problèmes, c’est avec les voyageurs qui sont dans les cars rapides. Ils pensent que nous ne sommes pas propres. Certes on a des rasta et des diakhas, mais cela ne veut pas dire qu’on est sale». 

Et comme pour confirmer les appréhensions du baye Fall, Mamadou Bodian et Nafi Mbengue, tous des passagers dans un car rapide estiment que ces distributeurs de café Touba devraient s’habiller proprement car la nourriture ne rime pas avec saleté. Quant au chauffeur de ce même car, il dira : «en tout cas ce qu’ils font c’est une belle action, même si les autres pensent qu’ils sont sales ils sont payés par Dieu»

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