samedi 18 février 2012

Un apprenti terroriste piégé par le FBI


Un apprenti terroriste piégé par le FBI

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Par Benjamin FerranPublié  Réactions (10)
Amine El Khalifi risque la prison à perpétuité.
Amine El Khalifi risque la prison à perpétuité. Crédits photo : Dana Verkouteren/AP
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Un Marocain préparait un attentat suicide contre le Capitole. Il a été arrêté muni d'une arme et d'une veste d'explosifs factices, fournies par des agents fédéraux qui se faisaient passer pour des membres d'al-Qaida.

Vendredi vers midi, le FBI a arrêté à Washington, dans un parking proche du Capitole, un Marocain de 29 ans, Amine El Khalifi, soupçonné de vouloir commettre un attentat suicide contre le Congrès américain. Il était en possession d'une arme automatique MAC-10 et d'une bombe, qu'il croyait prête à exploser. En fait, ces armes ne lui avaient pas été fournies par des membres d'al-Qaida, avec lequel il pensait être en contact, mais par des agents fédéraux, qui s'étaient fait passer pour des terroristes. «L'arme et la bombe avaient été rendues inoffensives par les forces de l'ordre et ne constituaient pas une menace pour la population», a indiqué le ministère américain de la Justice.

Le parking où Amine El Khalifi a été arrêté vendredi.
Le parking où Amine El Khalifi a été arrêté vendredi. Crédits photo : ALEX WONG/AFP

Rapidement présenté à un juge, Amine El Khalifi a été inculpé de «tentative d'utilisation d'arme de destruction massive contre la propriété des États-Unis». Il encourt la prison à perpétuité. Il avait d'abord envisagé de commettre des attaques contre des installations militaires, une synagogue ou encore un restaurant fréquenté par des responsables militaires, avant de se déterminer à attaquer le Capitole, mi-janvier. À plusieurs reprises, il avait confié à son faux contact d'al-Qaida «un désir de mener une opération dans laquelle il utiliserait une arme et tuerait des gens face à face», selon le ministère américain de la Justice. Il avait mené le mois dernier un test d'explosion, en utilisant un téléphone portable comme détonateur.

Deux autres tentatives à Washington en 2011

Amine El Khalifi était surveillé de près par le FBI depuis plus d'un an, à la suite d'une dénonciation dont les circonstances ne sont pas encore claires. Arrivé aux États-Unis en 1999 avec un visa touristique, en situation illégale depuis, il était convaincu que la guerre contre le terrorisme était une guerre contre les musulmans et cherchait à «être associé à un groupe extrémiste armé», selon l'acte d'accusation. Sa première rencontre avec «Youssouf», l'agent du FBI qu'il croyait être membre d'al-Qaida, remonte au mois de décembre 2011. Vendredi, avant de s'emparer de ses armes, il était allé prier dans une mosquée près de Washington.
L'arrestation d'Amine El Khalifi, présenté comme «déterminé» par les forces de police et qui agissait seul, suscite des interrogations aux États-Unis sur les méthodes du FBI. «Comme dans d'autres opérations récentes contre le terrorisme, les agents fédéraux sont accusés d'encourager les suspects et, dans certains cas, de suggérer des tactiques et des cibles», résume leWashington Post. La question est de savoir si le suspect aurait conduit la même opération sans l'appui de l'agent infiltré du FBI, qui lui a fourni ses armes. Selon le procureur fédéral qui l'a inculpé, il a toutefois «conçu lui-même le projet, les cibles et les méthodes» de sa tentative d'attentat.
L'an dernier, deux tentatives d'attaques contre le Congrès et contre le métro de Washington ont été déjouées, impliquant les mêmes méthodes d'infiltration par le FBI. La sénatrice Susan Collins, membre de la commission sur la Sécurité nationale du Sénat, a vu dans la tentative d'attentat d'Amine El Khalifi «un nouvel exemple de la radicalisation d'extrémistes tentant d'attaquer les Américains à l'intérieur de nos frontières». Selon un rapport du Congrès américain, 36 projets d'attentats menés par des Américains ou des résidents permanents aux Etats-Unis ont été déjoués de mai 2009 à février 2012, contre 21 entre 2001 et 2009.

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