mercredi 22 février 2012

En garde à vue, Dominique Strauss-Kahn se défend avec force


Le Point.fr - Publié le 22/02/2012 à 11:01 - Modifié le 22/02/2012 à 13:22

L'ancien directeur général du FMI est entendu depuis mardi matin par les enquêteurs de la police judiciaire sur son rôle dans l'affaire de proxénétisme dite du Carlton.

Dominique Strauss-Kahn à son arrivée dans les locaux d'une caserne de gendarmerie de Lille, mardi matin.
Dominique Strauss-Kahn à son arrivée dans les locaux d'une caserne de gendarmerie de Lille, mardi matin. © Michel Splingler / AP, Sipa
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Depuis le début de cette affaire, il était le fil rouge judiciaire et médiatique. Alors qu'il réclamait son audition depuis quatre mois, Dominique Strauss-Kahn est finalement entendu depuis mardi matin sous le régime de la garde à vue sur des faits de "proxénétisme aggravé" et de "recel d'abus de bien social". Il pourrait être le neuvième protagoniste mis en examen dans le dossier de proxénétisme dit du Carlton. Pour son audition, la caserne de gendarmerie a été préférée aux locaux de la police judiciaire "pour des raisons de sécurité", mais aussi "pour des raisons pratiques" : les bureaux d'audition sont à côté de cellules permettant le repos en cas de garde à vue prolongée. DSK a passé la nuit dans cette pièce sommaire
La garde à vue de l'ancien patron du Fonds monétaire international a été prolongée de 24 heures, mardi soir, par Stéphanie Ausbart, Mathieu Vignau et Ida Chafaï, les trois juges d'instruction chargés de l'affaire qui se sont spécialement déplacés vers 21 heures dans les locaux de la gendarmerie pour signifier à DSK ce prolongement. Une pratique peu habituelle, qui suscite de nombreuses interprétations. Trois options se présentent désormais. L'ancien patron du FMI peut être libéré sans poursuite, déféré devant les juges, ou reconvoqué plus tard. C'est cette dernière option qui, selon nos informations, pourrait être retenue.

Pouvait-il ne pas savoir ?

Depuis ce matin, Dominique Strauss-Kahn est interrogé au sujet de ses relations avec, notamment, deux grands flics : le commissaire divisionnaire Jean-Christophe Lagarde, ancien patron de la sûreté urbaine, aujourd'hui suspendu et mis en examen pour "recel d'abus de bien social" dans le dossier ; et Jean-Claude Menault, ancien directeur départemental de la sécurité publique dans le Nord-Pas-de-Calais, mis en retraite. Le premier, qui se retrouvait à presque toutes les parties fines auxquelles participait DSK, aurait été chargé officieusement de la sécurisation de l'ancien patron du FMI, notamment à travers ses téléphones. 
Mardi, ce sont les policiers en charge du dossier proxénétisme - dont un commissaire - qui ont interrogé l'ancien ministre de l'Économie sur les soirées et les parties fines organisées par les amis chefs d'entreprise de DSK, à Paris et à Washington. Ces enquêteurs, très briefés par les juges, avaient organisé tout leur interrogatoire autour d'une question majeure. L'ancien patron du FMI savait-il que, parmi les invitées à ces parties fines, il y avait des femmes rémunérées ? Être client d'une prostituée n'est pas un délit, mais on peut être poursuivi pour proxénétisme si on joue un rôle dans l'organisation, ne serait-ce que de ses déplacements. Mercredi, les policiers de la brigade financière prendront le relais afin de déterminer si DSK savait qui payait les factures de ces soirées et notamment qu'elles étaient remboursées via des notes de frais par une société filiale d'Eiffage.

Soirées "libertines" 

Tous les protagonistes de ces parties fines ont été mis en examen pour "proxénétisme". Mais le duo Roquet-Paszkowski - le premier est un directeur d'une filiale de la société de BTP Eiffage et l'autre un chef d'entreprise d'une société paramédicale - qui a organisé et financé les déplacements des "filles" a toujours juré que DSK ignorait la qualité de ces femmes. "Ils n'ont pas la matière à me mettre en examen", répétait ce week-end encore Dominique Strauss-Kahn au journal Le Monde
Selon nos informations, DSK s'est défendu avec force et n'a cessé de répéter aux policiers qu'il ignorait que ces filles, lors de ces soirées qu'il qualifie, lui, de "libertines", étaient des prostituées. "Quand quelqu'un vous présente sa copine, vous ne lui demandez pas si c'est une prostituée", avait expliqué l'ancien ministre à son biographe Michel Taubmann. Cependant, selon nos informations, de nouveaux éléments contrarieraient cette ligne de défense. Plusieurs prostituées auraient affirmé que l'ancien ministre ne pouvait pas ignorer qu'elles étaient des escort girls réglées en conséquence. 

Obtention de visas

Comme Le Point.fr l'avait révélé, l'expertise d'un des téléphones portables de DSK emprunté durant trois mois à son ami nordiste Paszkowski aurait révélé que l'ancien patron du FMI était en contact directement ou indirectement avec une dizaine de "filles". Selon nos informations, l'une d'entre elles aurait confié que DSK serait intervenu, en tant que patron du FMI, pour lui faciliter l'obtention de visas. Si ce fait était confirmé, DSK ne pourrait échapper à une mise en examen pour complicité de proxénétisme.
Deuxième question cruciale : DSK savait-il qui payait ? David Roquet et Fabrice Paszkowski, l'homme des "textos", ont affirmé avoir réglé les prostituées sur leurs fonds propres. Par contre, les frais de déplacement en train ou en avion pour aller retrouver avec les filles DSK à Paris ou à Washington ont été réglés par leurs entreprises respectives : Matériaux enrobés du Nord et Médicalis, une société lensoise de matériel médical. Y a-t-il eu des contreparties financières ? Là encore, DSK s'est défendu bec et ongles en disant ignorer comment et par qui étaient pris en charge les frais. "Quand on vous invite à une soirée, vous ne demandez pas à voir la facture, pour vérifier si c'est votre ami ou son entreprise", expliquait encore DSK à son biographe.
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