dimanche 11 mars 2012

Syrie: Annan rencontre Assad à Damas


DAMAS (AP) — Kofi Annan, dépêché en Syrie par les Nations unies et la Ligue arabe, a été reçu par le président Bachar el-Assad à Damas samedi. Mais alors même qu'il tentait d'obtenir du régime qu'il cesse de réprimer la contestation dans le sang, l'armée bombardait Idlib, l'un des foyers de la rébellion situé dans le nord du pays.
L'agence de presse officielle SANA a qualifié la rencontre Annan-Assad de "positive".
La tâche de Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU, s'annonce d'autant plus difficile que l'opposition a rejeté dès vendredi son appel au dialogue avec Damas tant que le bain de sang continue. L'écart se creuse entre les dirigeants de l'opposition qui considèrent que seule une aide militaire peut faire cesser la violence, et les pays occidentaux qui craignent de voir la Syrie basculer dans la guerre civile.
L'ONU estime que plus de 7.500 personnes ont été tuées dans la répression du mouvement de contestation contre le régime alaouite depuis la mi-mars 2011, mais l'opposition parle de plus de 8.000 morts en bientôt un an. Une partie de l'opposition a pris les armes pour se défendre contre les forces gouvernementales, et des combats opposent régulièrement l'armée à des déserteurs, dont beaucoup ont rejoint l'Armée syrienne libre.
Et pendant que Kofi Annan rencontrait Bachar el-Assad à Damas pour parler de cessez-le-feu, les troupes poursuivaient leur offensive dans la région d'Idlib, l'un des foyers du soulèvement.
L'opposition craint que le régime n'attaque Idlib comme elle l'a fait pour Homs, dans le centre, assiégeant et pilonnant la ville pendant un mois avant d'avancer avec des chars pour reprendre le quartier de Baba Amr contrôlé par l'insurrection. L'offensive a fait des centaines de morts.
L'armée a envoyé des renforts sur Idlib ces derniers jours, déployant notamment des dizaines de chars et de véhicules blindés de transport de troupes, selon l'opposition, qui fait état de dizaines de morts.
Dans la soirée, un militant, Fadi al-Yassine, a affirmé que l'armée avait bouclé les principales sorties de la ville, rendant plus compliquée la fuite des civils. Les insurgés ont détruit six camions blindés lors d'une embuscade et abattu un hélicoptère, a-t-il affirmé. Il a estimé qu'il y avait quelque 1.000 combattants rebelles dans la ville, mais qu'ils avaient peu d'armes. "Nous craignons que ce qui s'est passé à Baba Amr puisse arriver ici", a-t-il confié.
Les forces du régime ont tendu une embuscade à un groupe de rebelles qui venaient à Idlib pour se battre, et 16 d'entre eux ont été tués, selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme et les Comités locaux de coordination.
L'Observatoire syrien pour les droits de l'homme a aussi affirmé que 17 civils avaient été tués dans la province d'Idlib samedi, sur un total de 28 civils tués dans le pays. Il a ajouté que cinq autres rebelles avaient été tués dans d'autres combats, et que 19 soldats avaient été tués à Idlib et près de Damas. Les Comités locaux de coordination ont affirmé pour leur part que 63 personnes avaient été tuées dans le pays, dont 46 dans la province d'Idlib.
Rien dans la situation actuelle ne suggère l'imminence d'un cessez-le-feu, présenté vendredi comme la priorité de la mission de Kofi Annan par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Il a envisagé que la possibilité d'un arrêt des hostilités menées par les forces gouvernementales puis de celles de l'opposition, suivi de l'ouverture de négociations politiques entre toutes les parties.
Le Premier ministre du Qatar, Cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a pour sa part dénoncé samedi, lors d'une réunion de la Ligue arabe au Caire, un "génocide systématique de la part du gouvernement syrien", ajoutant que les dirigeants arabes ne pouvaient se contenter d'un cessez-le-feu.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a cependant défendu au Caire le refus de Moscou de condamner l'attitude de Damas au Conseil du sécurité de l'ONU. La Russie et la Chine ont mis leur veto à un tel texte le 4 février dernier, alors que l'offensive contre Homs montait en puissance. La résolution soutenait le plan de la Ligue arabe prévoyant le départ d'Assad et une transition démocratique.
"Nous ne protégeons aucun régime. Nous protégeons le droit international (...) Nous ne poursuivons aucun intérêt géopolitique", a assuré M. Lavrov, plaidant contre toute "interférence avec les affaires intérieures des Etats, sans parler d'une interférence militaire".
Il a ajouté que la Russie voulait "promouvoir un règlement pacifique" de la crise syrienne et que la priorité devait être de faire cesser la violence et de permettre le passage de l'aide humanitaire. "Si nous sommes d'accord là-dessus, nous n'ouvrirons pas un débat sur les responsabilités" dans le bain de sang, a-t-il dit, "cela pourra être fait plus tard par l'autorité ou la structure internationale adéquate".
Malgré leurs divergences, la Ligue arabe et Sergueï Lavrov se sont mis d'accord sur un plan en cinq points destiné à résoudre la crise dans lequel la Ligue arabe a semblé revenir sur de précédentes exigences concernant le départ de Bachar el-Assad. Le plan appelle à un arrêt des violences de toutes les parties, à une procédure "neutre" pour garantir un cessez-le-feu, à l'acheminement libre de l'aide humanitaire pour les Syriens, et au soutien à un dialogue politique entre l'opposition et le régime. Il s'oppose aussi à toute intervention étrangère dans la crise.
Ce recul de la Ligue arabe concernant la question du départ de Bachar el-Assad semble destiné à garantir l'appui des Russes à une nouvelle résolution sur la Syrie devant le Conseil de sécurité soutenant ce plan en cinq points. "Ce n'est pas un monde parfait", a déclaré le chef de la Ligue arabe Nabil Elaraby, en notant que cela pourrait permettre d'"aller au Conseil de sécurité sans un veto". AP
st/v144-190/pyr/v342-v428

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