dimanche 11 mars 2012

Syrie : Annan rencontre Assad, offensive de l'armée


Par lefigaro.frMis à jour  | publié  Réactions (134)
Des civils fuient les combats dans la province d'Idleb.
Des civils fuient les combats dans la province d'Idleb. Crédits photo : Rodrigo Abd/AP

Alors que l'émissaire de l'ONU faisait part au président syrien de sa «profonde préoccupation», l'armée de Bachar el-Assad a donné l'assaut sur la ville rebelle d'Idleb. En tout, 62 personnes ont été tuées samedi.

• Rencontre «positive» Kofi Annan - Bachar el-Assad

Kofi Annan et Bachar el-Assad, samedi à Damas.
Kofi Annan et Bachar el-Assad, samedi à Damas.Crédits photo : -/AFP

L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan a rencontré samedi pour la première fois le président syrien Bachar el-Assad, à Damas. Il lui a fait part de sa «profonde préoccupation» à propos de la répression du mouvement de contestation, et lui a fait «plusieurs propositions» pour mettre un terme aux violences qui ont fait quelque 8500 morts depuis un an.
Ces propositions, que l'ONU n'a pas détaillées plus précisément, concernent «la fin de la violence, un accès pour l'aide humanitaire et le Comité international de la Croix-Rouge, la libération de prisonniers et l'amorce d'un dialogue politique qui ne laisse personne de côté».
Selon l'agence officielle Sana, le président syrien Bachar al-Assad a affirmé à Kofi Annan qu'il était prêt à «faire réussir» tout effort «sincère» en vue d'une solution à la crise. «Tout dialogue ou processus politique ne peut réussir tant qu'il y a des groupes terroristes qui oeuvrent pour semer le chaos et la déstabilisation en s'attaquant aux civils et aux militaires», a-t-il toutefois déclaré.
Kofi Annan, qui a également rencontré des chefs de l'opposition, doit revoir le président syrien dimanche. Après sa visite à Damas, l'ancien secrétaire général des Nations unies devrait se rendre en Turquie, lundi, pour visiter des camps de réfugiés de Syriens ayant fui les violences dans leur pays et s'entretenir avec les responsables turcs.
» Damas salue la visite de Annan
• L'armée prend d'assaut la ville d'Idleb, 62 morts dans le pays

Des immeubles détruits par les bombardements dans la ville de Rastan, près de Homs.
Des immeubles détruits par les bombardements dans la ville de Rastan, près de Homs. Crédits photo : -/AFP

Malgré la présence de l'ancien secrétaire général des Nations unies, le régime a de nouveau fait la preuve sur le terrain de sa détermination à mater dans le sang la contestation. Selon une ONG, les violences ont fait 62 morts dans le pays samedi.
L'armée syrienne a pris d'assaut Idleb, une ville rebelle du nord-ouest de la Syrie, après l'avoir violemment bombardée. Selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, «les transports de troupes sont entrés à Idleb alors que les bombardements et les combats» se poursuivaient entre soldats et rebelles qui tentaient de défendre leur cité.
Depuis des jours, l'armée était massée dans cette province montagneuse et frontalière de la Turquie, en vue d'attaquer la ville et de la faire plier selon les militants, après avoir pris le 1er mars Baba Amr, quartier anti-régime de Homs, dévasté par un mois de pilonnage sanglant.
L'OSDH a fait état d'au moins 15 civils tués, de dizaines de blessés et de 150 arrestations à Idleb. Au moins 21 déserteurs et 19 soldats ont en outre été tués dans des combats dans la province d'Idleb, a-t-il ajouté. Les sept autres civils tués ont péri dans d'autres localités du pays.
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• Le Qatar dénonce un «génocide»
Au Caire, le comité de la Ligue arabe sur la Syrie s'est réuni samedi au siège de l'organisation panarabe, avant une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Alors que les pays arabes sont critiques vis-à-vis de la position russe sur la Syrie, Sergueï Lavrov a appelé à la fin des violences en Syrie «quelle que soit son origine», tout en affirmant que «Moscou est prêt à travailler avec quiconque demande des réformes dans le pays». Comme la veille, il a toutefois redit que la Russie s'en tenait au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un pays tiers.
De son côté, le Qatar a affirmé qu'il était «temps» d'envoyer des forces arabes et internationales en Syrie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qui a dénoncé un «génocide» et jugé insuffisant un cessez-le-feu. Avant de réclamer que le Conseil national syrien (CNS), principale organisation de l'opposition, soit reconnue comme représentant légitime de la Syrie.
L'Arabie Saoudite a pour sa part jugé que le veto opposé par la Russie et la Chine à une résolution onusienne condamnant la répression en Syrie avait permis au régime de Bachar al-Assad de poursuivre «ses pratiques brutales contre le peuple syrien, sans compassion et sans pitié».
Dans une déclaration commune à l'issue de leur réunion, les ministres russe et arabes des Affaires étrangères ont appelé à la fin de la violence en Syrie «d'où qu'elle vienne». Ils ont également annoncé refuser toute intervention étrangère.
• Damas donne son accord pour une mission humanitaire préliminaire
La responsable des opérations humanitaires de l'Onu, Valerie Amos, a déclaré à Ankara être parvenue à un accord avec le régime syrien: «L'accord porte sur une mission humanitaire d'évaluation préliminaire conjointe dans les zones où les gens ont besoin d'une assistance urgente», a-t-elle dit de retour d'une visite en Syrie. Cette mission impliquera les agences onusiennes et les autorités syriennes, a-t-elle expliqué.
Indiquant que cette initiative ne serait qu'un «premier pas», la responsable a insisté sur la nécessité de mettre en place «un arrangement robuste et régulier afin de permettre aux organisations humanitaires d'avoir accès» aux populations affectées par les violences. «Une proposition a été soumise à l'administation syrienne et je lui demande de considérer cette affaire de toute urgence», a poursuivi Valerie Amos qui a répété avoir été «anéantie en constatant que les parties de la ville syrienne de Homs (centre) qu'elle a visitées mercredi étaient «totalement dévastées».
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