samedi 25 février 2012

La Réunion : malgré les baisses de prix annoncées, quatrième nuit d'échauffourées


Mis à jour 25-02-2012 11:48
Des manifestants à Saint-Denis de La Réunion le 24 février 2012
Des manifestants à Saint-Denis de La Réunion le 24 février 2012 Photo : Richard Bouhet/AFP

La Réunion : malgré les baisses de prix annoncées, quatrième nuit d'échauffourées

A l'issue d'une longue réunion de crise, l'annonce de la baisse de certains prix, en particulier de l'essence, n'a apporté qu'un apaisement très relatif dans l'île secouée depuis quatre jours par des violences urbaines.

L'annonce de réduction sur les prix des carburants, de l'électricité et de quelques dizaines de produits de première nécessité, n'a pas totalement désamorcé la situation à La Réunion, en proie depuis mardi à des échauffourées et des pillages , sur fond de "vie chère" et de chômage catastrophique dans l’île. La tension est quelque peu retombée, mais la nuit a encore été émaillée d'incidents, en particulier dans le sud de l'île.
576 policiers, 56 arrestations...
A 23h locales (20h à Paris), la préfecture évoquait "la situation la plus favorable depuis le début des troubles", mais le bilan au matin révèle qu'on est encore loin du retour au calme. Une dizaine de commerces ont été attaqués, 17 véhicules ont été incendiés à Saint-Denis, et dix policiers ou gendarmes ont été blessés par des jets de pierre ou de cocktails Molotov. Dans ce contexte tendu, 576 policiers ou gendarmes étaient déployés hier soir, avec l'appui d'un hélicoptère, a indiqué la préfecture.
Cinquante-six personnes ont encore été interpellées la nuit dernière, dont 35 ont été placées en garde à vue. La plupart sont des jeunes, parfois mineurs, qui tentent de piller boutiques, entreprises ou bâtiments publics et vont volontiers à l'affrontement avec les forces de l'ordre. Au total, 197 personnes ont été arrêtées en quatre nuits, et 13 ont déjà été condamnées par les tribunaux correctionnels de Saint-Denis et Saint-Pierre, ou placées en détention provisoire.
Nuit plus sereine à Saint-Denis, mais mouvementée à Saint-Pierre 
Dans le quartier du Chaudron, à Saint-Denis, les heurts qui avaient été très violents dans la nuit de jeudi à vendredi ont été moins marqués et moins nombreux hier soir. Des commerces n'en ont pas moins été dégradés ou pillés, et deux écoles ont été vandalisées.
Globalement, les violences ont été "moins intenses et plus diffuses" a dit la préfecture, qui à 23h ne relevait aucun incident sérieux" à l'est et dans l'ouest de l'île, en revanche le sud s'est embrasé. Des incidents se sont notamment produits à Saint-Pierre, qui jusqu'ici avait été épargnée par les troubles, ainsi qu'à Saint-Louis et Etang-Salé où des groupes de 50 à 100 individus ont provoqué des échauffourées avec les forces de l'ordre.
"On a dit que Saint-Pierre ne bougeait pas, alors on a voulu montrer qu'on est là", a lancé un casseur à la radio. Dans ce contexte, on ne saurait dire si le reflux des violences constaté hier dans une bonne partie de l'île sera durable. Au-delà des exactions principalement commises par des jeunes, l'opinion publique réunionnaise a réservé un accueil plutôt mitigé aux mesures annoncées par le préfet Michel Lalande.
La Réunion renonce à une taxe pour faire baisser le prix de l'essence...
Ce dernier s'est exprimé à l'issue d'une réunion "cruciale" de plus de cinq heures avec les élus de l'île, des responsables syndicaux et des associations qui d'une même voix ont lancé "un appel solennel" au calme.
Les mesures proposées la veille par les conseils régional et général pour lutter contre la "vie chère" ont été entérinées et ne coûteront pas un centime à l'Etat, mais uniquement aux collectivités territoriales.
L'annonce phare du préfet tient à la baisse de 8 centimes du prix du litre d'essence ou de gazole. Elle entrera en vigueur le premier mars, et le restera au moins jusqu'à la fin de l'année. Pour y parvenir, le président UMP du conseil régional, Didier Robert, va suspendre "l'octroi de mer" sur le carburant, une taxe locale perçue par la région, qui rapporte 24 millions d'euros par an, reversés au département et aux communes.
Tarif social sur l'électricité et quarante produits à la baisse
Par ailleurs, le Conseil général doit mettre en place et financer un "tarif social" sur l'électricité au bénéfice des familles ne vivant que des minima sociaux ou d'un salaire inférieur ou égal à 1,4 Smic. La réduction évoquée serait de l'ordre de 40%.
Enfin, le préfet a annoncé que "40 produits de première nécessité vont faire l'objet soit d'une baisse soit d'un gel. La liste sera élaborée avec les distributeurs et les consommateurs et publiée au 1er mars".
"Une dizaine de 'produits pays', c'est-à-dire produits localement comme le lait, l'huile, les couches, l'eau de javel, le porc ou encore le poulet" devraient ainsi voir leur prix baisser "de 20 à 30%", a précisé le conseil général présidé par la divers-droite Nassimah Dindar. Elle prévoit un effort supplémentaire de 23 millions d'euros pour le département et table sur la bonne volonté des producteurs avec qui les négociations sont en cours.
Pour mémoire, selon l'Insee, les prix sont en moyenne 36,6% supérieur à la Réunion qu'en métropole, alors que le chômage y a atteint le taux record de 29,5% fin 2011, et près du double chez les moins de 25 ans.
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