samedi 31 mars 2012

Offensive rebelle foudroyante dans le nord du Mali



Le Monde.fr avec AFP et Reuters |  • Mis à jour le 
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Des tirs d'armes lourdes résonnaient samedi 31 mars à Gao, la principale ville du nord du Mali encore sous contrôle des forces gouvernementales et où des rebelles touareg ont pénétré dans la matinéeGao, ville de 90.000 habitants, possède la plus grande garnison du nord du pays. Elle est désormais prise en tenaille par la rébellion au nord, et les pays d'Afrique de l'Ouest qui ont mis en alerte leur force d'intervention.
A la mi-journée, les combats se concentraient autour des deux camps militaires de Gao, où les forces gouvernementales se sont réfugiées pour résister aux assaillants. Des témoins faisaient état de la présence d'islamistes parmi ces derniers.
Un peu plus à l'ouest, la ville de Tombouctou menace également de passer aux mains des assaillants. Selon notre envoyé spécial sur place, "les rebelles semblent progresser en profitant de l'état de désorganisation de l'armée encore accentuée par le coup d'Etat".
A environ 1 000 km au nord-est de la capitale Bamako, Gao abrite l'état-major de l'armée pour toute la région septentrionale. Les combats dans la ville interviennent au lendemain de la prise de la localité de Kidal, plus au nord-est vers la frontière algérienne, par le groupe armé islamiste Ansar Dine, appuyé par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et des éléments d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Kidal est tombée en un peu moins de 48 heures. Aucun bilan des pertes n'a été donné mais le gouverneur et au moins six autres officiels, civils et militaires, ont été capturés.
Le Mali est la première victime collatérale du conflit libyen de 2011 : des mercenaires maliens puissamment armés qui s'étaient battus pour Mouammar Kadhafi sont venus gonfler les rangs du MNLA.
Le capitaine Amadou Sanogo, a reconnu que la "situation est critique".
Le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a annoncé la "mise en alerte d'une force armée de 2 000 hommes" après la prise de Kidal."Notre souhait est d'éviter la guerre. Si la légitimité est rétablie et que ces mouvements armés s'aperçoivent qu'il y a une mobilisation régionale et internationale, ils quitteront Kidal tout de suite", a-t-il déclaré.
Mais l'essentiel du nord-est du pays est désormais aux mains des rebelles, et seules les garnisons de Gao et Tombouctou restent sous contrôle gouvernemental. Le nord du Mali subit depuis la mi-janvier une vaste offensive de ces rebelles touareg et de groupes islamistes.
LA JUNTE SE DIT PRÊTE À UN RETOUR RAPIDE À "L'ORDRE CONSTITUTIONNEL"
La junte au pouvoir depuis le coup d'Etat militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré (dit ATT) a précisément invoqué l'échec du régime contre la rébellion pour justifier son putsch. Son chef, le capitaine Amadou Sanogo, a reconnu que la "situation est critique". Une délégation de la junte a assuré être "d'accord" avec les "grands principes" de sortie de crise imposant un retour rapide à "l'ordre constitutionnel normal". "Maintenant les modalités pourarriver à ça, c'est ça que nous allons discuter", a ajouté le colonel Moussa SinkoCoulibaly, directeur de cabinet du chef de la junte.
En attendant, plus de 20 000 personnes ont participé samedi à Bamako à un grand rassemblement pour la paix, à l'initiative des responsables des trois principales religions du pays. Des responsables musulmans, catholiques et protestants étaient réunis dans le stade Modibo Keïta, multipliant les prières et appels à "la paix" pour le Mali.
Au stade Modibo Keïta de Bamako, samedi 31 mars.

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