vendredi 30 mars 2012

Deschamps va-t-il rester ?



La défaite de l'Olympique de Marseille face au Bayern mercredi en quarts de finale aller de la Ligue des champions n'a fait que conforter une évidence: l'OM ne boxe pas dans la même catégorie que le géant bavarois. Ce constat peut-il influer sur l'avenir de Didier Deschamps à la tête de la formation phocéenne ? Celui qui a permis à l'OM de renouer avec les titres s'interroge...

Un an après avoir prolongé son bail avec l'Olympique de Marseille jusqu'en juin 2014, Didier Deschamps mettra-t-il un terme fin mai à son aventure sur le banc d'un club qu'il aura doublement marqué de son histoire, joueur lorsqu'il a soulevé le trophée de la Ligue des champions en 1993, entraîneur, lorsqu'il lui a permis, en 2010, de renouer avec son prestige d'antan en remportant coup sur coup la Coupe de la Ligue et le titre de champion de France ? Encore impensable il y a peu, tant "DD" bénéficie d'une solide cote de popularité sur le Vieux Port, où les supporters lui savent gré d'avoir mis fin à une interminable période de disette de presque vingt ans, l'hypothèse d'un départ se pose de plus en plus, au moment où l'OM traverse un véritable trou noir, comme il n'en a jamais connu dans son histoire. 

Sept défaites consécutives, toutes compétition confondues, entre le 26 février et le 20 mars, huit matches sans gagner en Championnat, série en cours, et une défaite face au Bayern mercredi en quarts de finale aller de la Ligue des champions qui est finalement venue rappeler que la présence de l'OM à ce stade de la compétition tenait presque du miracle. Et ça, Didier Deschamps semble avoir bien du mal à l'encaisser, lui dont le niveau d'exigence professionnelle a toujours été élevé, que ce soit à Monaco ou à la Juventus, les clubs qu'il a auparavant entraînés. Et il a d'autant plus de mal à l'encaisser que pour la première fois depuis qu'il s'est assis sur le banc phocéen, il a été la cible mercredi de banderoles et de cris de supporters réclamant son départ. Si son président Vincent Labrune a fait mine de ne pas les avoir vus ou entendus, l'intéressé, moins aveugle, a de son côté tenté de les relativiser après le match.

"Chacun est libre. Il y a de la déception, la plupart du public était venu pour vivre des émotions. A notre arrivée sur le Prado, j'ai vu des gens enthousiastes. Quand on ne gagne pas les matches, on est déçu bien sûr." Déçu, Deschamps l'était forcément. Responsable aussi ? L'entraîneur a forcément sa part de responsabilité dans la déliquescence actuelle de l'OM, son choix de lancer Andrade à la place de Bracigliano face au Bayern s'étant par exemple avéré fatal aux Marseillais, mais nul doute que quelque part, "DD" s'estime trahi par ses dirigeants qui ne lui ont pas donné les moyens d'assurer le service après-vente du titre conquis en 2010, le premier depuis dix-huit ans, notamment en Ligue des champions. Si Gignac et Rémy lui ont été offerts sur un plateau en guise de remerciements (le premier s'avèrera finalement tout sauf un cadeau !), le départ in extremis de Niang à la fin du mercato d'été 2010 a constitué un premier coup de poignard, mal vécu par l'intéressé qui parviendra tout de même avec un effectif à peu près stable à conserver la Coupe de la Ligue et décrocher un deuxième ticket consécutif pour la Ligue des champions.

Des efforts au mercato ?

C'est paradoxalement à partir de là, alors que Deschamps avait décidé de prolonger, que les choses se sont gâtées, Margarita Louis-Dreyfus, lasse d'investir à perte, comme l'avait fait avant elle son défunt mari, décidant de couper le robinet marseillais. Résultat, l'OM a dû faire avec les moyens du bord et se contenter en guise de recrues de joueurs estampillés "bons joueurs de Ligue 1", ce qu'ils sont finalement restés depuis leur arrivée, et encore pas toujours. Si Nkoulou restera la grande satisfaction de la saison, Diarra a passé son temps à courir derrière le niveau qui en faisait à une époque le capitaine de l'équipe de France (qu'il n'est plus, du coup), tandis que Morel et Amalfitano ont clairement étalé leurs limites mercredi au très haut niveau. Cet effectif à bout de souffle va s'attacher à terminer du mieux possible une saison mal embouchée, notamment en visant un inédit triplé sur la Coupe de la Ligue le 14 avril, et après ? 

L'avenir de Deschamps à la tête de l'équipe dépend sans doute des réponses que pourront lui apporter ses dirigeants. Sans efforts conséquents, nul doute qu'il n'hésitera pas à claquer la porte ou en tout cas écouter attentivement les propositions qui ne manqueront pas de lui être adressées. D'autant que reste latent le conflit, usant nerveusement, qui l'oppose en coulisses à José Anigo, indéboulonnable directeur sportif, sans que l'on ne sache trop pourquoi. Vincent Labrune en est sans doute conscient lui qui, sans régler le cas Anigo, espère convaincre "MLD" de lâcher la bride l'été prochain. Mercredi après la défaite face au Bayern, apparu un brin excédé, il a ainsi confié: "Je le répète, ce qui nous intéresse avec Margarita (Louis-Dreyfus), c'est de travailler pour la pérennité du club et bâtir une équipe compétitive pour la saison prochaine..." Ces propos seront-ils suivis d'effets ? Deschamps l'espère, il n'est sans doute pas le seul...

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