vendredi 30 mars 2012

Quand Forsane Alizza recrutait en France des «soldats d'Allah»



Par ERIC LANDAL
Parmi les 19 personnes interpellées dans les milieux islamistes ce matin, figure Mohammed Achamlane, fondateur de Forsane Alizza. Ce groupe a fait parler de lui en janvier dernier lorsque le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant a annoncé sa dissolution jugeant «insupportable que dans notre pays un groupement forme des personnes à la lutte armée.»
Jusque-là, cette association aux thèses islamistes radicales, dont le nom signifie «les cavaliers de la fierté» en langue arabe, s’était surtout faite remarquer par une agit-prop avec des vidéos chocs et des actions coup de poing. Active depuis 2010, Forsane Alizza avait notamment brûlé un Code civil en réaction à l’interpellation d’une femme en niqab à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ou soutenu Lies Hebbadj, l’épicier polygame de Nantes, région où réside également le fondateur du groupe, Mohammed Achamlane. Ce dernier est surnommé Cortex ou Abou Hamza, une référence directe à Abou Hamza el Masry célèbre prédicateur londonien, connu pour son crochet et ses appels au Jihad. Il a été arrêté en 2004 pour incitation au terrorisme.
L’activisme de Forsane Alizza passait essentiellement par son site internet. Celui-ci a été fermé le 21 mars, quelques heures après que BFM-TV a affirmé que le tueur du Toulouse serait lié à ce groupuscule. Une information rapidement démentie par Claude Guéant.
Sur ce site très fréquenté, on trouvait des articles quotidens censés dénoncer l’islamophobie et «lutter contre la désinformation» des médias Kouffars (mécréants). Mais aussi recruter des «soldats d’Allah»afin de défendre la communauté musulmane menacée en France et dans le monde.
Le ton des textes et des vidéos était particulièrement virulent et vindicatif et exprimait un très fort sentiment de persécution. Parmi les thèmes de prédilection de Forsane Alizza, le halal ou le niqab mais aussi le conflit israélo-palestinien et la guerre en Afghanistan où les articles se félicitaient ouvertement des pertes de l’Otan.
Entre autres choses, on pouvait également trouver sur ce site une apologie posthume du terroriste yéménite d’Al Qaeda Anwar Al Awlaqi, qualifié de «savant martyr», ou un entretien avec un des chefs des talibans, considérés comme le modèle de lutte contre «les crimes barbares de l’occident».
Ces articles étaient autant d’appels implicites au Jihad et au terrorisme, ce dont s’est pourtant toujours défendue l’organisation. A l’instar des sites d’extrême droite, c’est l’espace dédié aux commentaires qui tenait lieu de défouloir. Et les internautes d’appeler ainsi à la loi du Talion contre les juifs ou les chiens de «kouffars» qui «massacrent nos femmes et nos enfants». Nombreux se déclaraient même prêt à«mourir pour Allah». Mais même au sein des mouvement islamistes radicaux, Forsane Alizza était loin de faire l’unanimité. Sur les forums aux sympathies jihadistes, beaucoup leur reprochent leur goût du buzz et leurs faibles connaissances en matière de religion.
Lors de la dissolution du groupe, Mohammed Achamlane avait affirmé qu’il n’excluait plus la lutte armée «si l’islamophobie s’intensifie de jour en jour». Dans une conférence de presse tenue devant la mosquée Omar, rue Jean-Pierre Timbaud à Paris, il avait ajouté: «Il se pourrait qu’un jour ça arrive. A force de stimuler la haine contre les musulmans c’est automatique».
Forsane Alizza n’a pourtant jamais été considéré comme une menace réelle par la police, qui estime que le groupuscule ne compte que quelques dizaines de membres. Eux en revendiquent des centaines. Sur une des vidéos du site, encore visible sur Youtube.com, figurait un «week-end d’entraînement de Forsane Alizza». On y voit quelques hommes s’entraîner au combat en plein air ou au tir dans un centre de paint ball. Elle s’achève par une invitation de Mohammed Achamlane à rejoindre les rangs du groupe.
Sur Youtube, les internautes se sont d’ailleurs pas privés de moquer leur amateurisme guerrier, les traitant de «bouffons» ou de «charlots.» A quoi quelqu’un, sans doute membre de l’association a répondu: «A ce que je vois ca fait rire beaucoup de gens… HamdouliAllah (Dieu Merci) arrivera un temps? ou les rires seront dissimulés.»

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